« Elles comptent » (EP.2) : Cécile de Saint Michel

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Vie & bien-être au travail
5
min
Publié le
21/11/24
Découvrez notre interview exclusive avec Cécile de Saint Michel, qui nous raconte son parcours et se confie sur son expérience en tant que femme dans un secteur très masculin.

L'invitée de cet article

Cécile de Saint Michel
Cécile de Saint Michel est présidente du Conseil national de l'ordre des experts-comptables, expert-comptable, commissaire aux comptes et chevalier de La Légion d'Honneur.

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Sommaire

Le monde de la comptabilité a longtemps été un bastion masculin, mais une nouvelle génération de femmes est en train de redéfinir les règles. Ces professionnelles passionnées, ambitieuses et résilientes, ne se contentent plus de suivre les chemins tout tracés. Elles innovent, elles entreprennent, elles dirigent – et montrent que la comptabilité peut être bien plus qu'une histoire de chiffres. Dans la série “Elles comptent”, nous mettons en lumière les parcours de ces femmes qui bousculent les conventions. Entre défis, succès et aspirations, elles nous partagent leurs expériences et leur vision d’une profession en pleine mutation. 

Cécile de Saint Michel, deuxième femme de l’histoire à présider le Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, ne se contente pas de représenter la profession : elle la fait avancer 🚀

Depuis le garage familial d’Aubagne jusqu’aux plus hautes fonctions de la comptabilité, elle est devenue une figure incontournable du secteur

Engagée, ambitieuse, elle s’est fixée une mission : préparer la profession aux défis de demain, tout en ouvrant la voie pour les femmes dans un secteur encore dominé par les hommes.

Retour sur le parcours de Cécile de Saint Michel, une inspiration pour la nouvelle génération de femmes comptables 👩

Un destin tracé dès l’enfance

Cécile de Saint Michel a grandi à Aubagne, au cœur d’une famille de commerçants ; entre un père garagiste et une mère qui gérait la comptabilité de l’entreprise en autodidacte, 

« Elle avait appris sur le tas, après quelques cours à la Chambre de Commerce de Marseille, et avec l’aide de l’expert-comptable du garage. »

Très jeune, elle est fascinée par cette relation de confiance avec le comptable. Elle se souvient : « J’étais là quand le collaborateur venait au garage, je le voyais faire son travail, et ça m’a tout de suite plu ».

Dès 16 ans, elle le sait : ce métier, ce sera le sien. C’est là que tout commence. 

Son bac G2 (l’équivalent de l’actuel STMG), puis son BTS comptabilité en poche, elle entame sa première expérience professionnelle, comme collaboratrice dans un cabinet en région parisienne. 

Là, elle découvre toute la richesse du métier : « Le collaborateur, c’est un commercial, c’est lui qui est au contact des clients. Cette relation d’échange et d’accompagnement m’a tout de suite passionné. » 

Sauf que pour cette fille de commerçants, rester salariée n’est pas une option. Sa vocation est claire : pour être libre et proche de ses clients, elle sera experte-comptable à son compte.

Elle enchaîne donc avec les diplômes d’expertise comptable, qu’elle prépare par correspondance. Pas d’entrave : elle avance, déterminée, sans jamais s’arrêter.

Après avoir obtenu son DEC en 1997, Cécile de Saint Michel n'est pas pressée de se lancer. « Je trouvais que je n’avais pas assez d’expérience », confie-t-elle. Elle décide donc de rester salariée encore deux à trois ans, pour parfaire ses compétences.

C’est finalement en 2000, après la naissance de son troisième enfant, qu'elle se dit : « il faut que je me lance. » Elle fonde alors CSM Expertise.

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Engagement et ascension dans les instances de la profession

Lorsque Cécile de Saint Michel décide de fonder son cabinet, elle ressent le besoin de créer des liens avec d’autres professionnels. « On a vite fait de s’isoler quand on est à son compte. Parfois, on a besoin de partager des réflexions.  »

Elle commence par adhérer à l’association des experts-comptables. «  J’ai du temps, je viens de lancer mon cabinet, alors je m’implique. » – notamment en participant bénévolement aux réunions, en assistant aux sessions dans les chambres de métiers. 

Doucement mais sûrement Cécile de Saint Michel tisse un réseau solide autour d’elle, et son engagement ne passe pas inaperçu.

Elle rejoint rapidement le syndicat ECF (Experts-Comptables de France) en Seine-et-Marne, où elle s’investit sans compter. Elle grimpe les échelons et devient finalement présidente de la branche départementale. Mais elle ne s’arrête pas là. 

« J’ai donné beaucoup de temps, et on m’a proposé d’intégrer une liste régionale pour l’Île-de-France ». En 2010, elle est élue au Conseil régional de l’Ordre des experts-comptables d’Île-de-France.

Pendant deux ans, elle prend le temps d’observer, d’apprendre et de se familiariser avec les rouages de l’institution. En 2012, elle est de nouveau élue, et le président de l’époque, Julien Tokarz, lui confie le rôle de vice-présidente en charge de l’informatique et de la communication. 

Elle devient également présidente de l’Asforef, l’institut régional de formation pour les experts-comptables, un rôle qu’elle occupe avec passion pendant près de neuf ans. Sous son mandat, l’Asforef fusionne avec Sup’Expertise Paris (ex-ACE), le CFA historique de l’expertise comptable en Île-de-France.

Après des années de service, Cécile de Saint Michel est approchée pour intégrer le Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables, ce qu’elle accepte, forte de son expérience et de ses convictions pour la profession. 

En 2022, l’élection de Cécile de Saint Michel à la présidence du Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables crée la surprise. « Je n’étais pas prévue », confie-t-elle. 

Elle-même n’avait pas envisagé de briguer ce poste de haut niveau – jusqu’à deux jours avant l’élection. De profonds désaccords avec le président en place l’amènent finalement à s’engager dans l’opposition. « J’aurais pu démissionner, mais les dérives étaient trop importantes. J’ai donc pris mes responsabilités. »

Finalement élue, elle devient la seconde femme à accéder à cette présidence depuis la création de l'Ordre en 1945.

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💡Le saviez-vous ? 

La première femme de l’Histoire à accéder à la présidence était Agnès Bricard, à la tête du CNOEC de 2011 à 2013.

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Une femme face aux défis de genre dans un secteur masculin

« En tant qu’experte-comptable, la misogynie, je ne l’ai jamais sentie. » raconte la Présidente. « Les clients savent que je suis une femme et viennent en connaissance de cause. »

 Mais dès lors qu’elle accède à des fonctions de pouvoir, l’histoire change. Dans les hautes sphères de la profession, les résistances apparaissent.

Lors de son élection à la présidence nationale, certains ne cachent pas leurs doutes. On la considère incapable de « faire face aux ministres » et certains la soupçonnent même d’être « téléguidée par un homme ». 

Citation de Cécile de Saint Michel

Les préjugés affleurent, et la misogynie s’installe dans les regards et les remarques.

Mais loin de la déstabiliser, ces critiques renforcent sa détermination. Cécile de Saint Michel s’impose avec une force de caractère qui ne laisse aucun doute sur son indépendance et sa capacité à diriger. 

« Je sais pourquoi je suis ici et je ne laisserai personne décider à ma place. »

Aujourd’hui, elle se présente à sa propre succession, cette fois face à deux candidats masculins. « J’ai entendu quelques commentaires, disons… maladroits, et je préfère penser qu’ils ont simplement “échappé” à leurs auteurs.  » confie-t-elle.

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💡 Le saviez-vous ?

En 2024, les femmes représentaient seulement 28 % des experts-comptables en Île-de-France et au niveau national.

Malgré une légère augmentation des effectifs féminins chaque année, l'atteinte de la parité n'est projetée que pour 2057.

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La parité hommes-femmes dans l'expertise comptable

Une vision moderne pour la profession comptable

À la tête du Conseil National de l'Ordre des Experts-Comptables, Cécile de Saint Michel s’est donnée pour mission de préparer la profession aux défis de demain. Avec son équipe, elle pilote plusieurs projets ambitieux pour moderniser et transformer un secteur en pleine mutation.

Le Plan Profession Comptable 2030 figure parmi ses priorités. Ce programme vise à former les experts-comptables aux compétences de pointe, telles que la cybersécurité et l’analyse de données. « Nous devons préparer nos professionnels aux évolutions technologiques », insiste-t-elle.

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L’urgence de se former à la cybersécurité 

2,73 millions de dollars. C’est le coût moyen de récupération après une attaque de ransomware (logiciels de rançon, chiffrent vos fichiers et exigent un paiement pour leur déchiffrement) en 2024.

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Autre projet phare : l’implémentation de la facture électronique et l’intégration de pratiques durables dans les cabinets. « Ces nouvelles technologies permettent de gagner en précision et en réactivité, tout en prenant en compte l'impact environnemental », explique la Présidente.

Elle défend également des réformes du diplôme d’expertise comptable, afin de maintenir un niveau d’exigence élevé tout en adaptant les parcours de formation aux réalités actuelles des cabinets.

À celles qui osent : son message aux femmes dans la profession

Cécile de Saint Michel adresse un message puissant aux jeunes femmes qui aspirent à évoluer dans la comptabilité : ne laissez jamais personne douter de vos capacités. 

« On ne peut pas empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent, mais on peut choisir de ne pas les écouter » affirme-t-elle. 

Dans un secteur où la parité est encore un défi, elle encourage les femmes à se lancer sans crainte.

Elle parle d'expérience, ayant elle-même dû surmonter le syndrome de l’imposteur, y compris en prenant les rênes de la présidence nationale. « Au début, j’ai eu des moments de doute » avoue-t-elle. 

Mais aujourd’hui, elle affirme sa légitimité sans hésitation et encourage les femmes à en faire autant. « Vous avez votre place. Soyez fières de votre parcours et n’attendez pas qu’on vienne vous chercher. »

Pour réussir, elle conseille de rester en phase avec ses valeurs, de prendre les décisions qui résonnent profondément en soi, et de ne pas céder à la pression de se conformer.

 « Il ne faut pas accepter un poste juste parce qu’il “fait bien”. Il faut croire en sa compétence, avancer avec conviction et se souvenir de ce qui nous a motivé à démarrer ce parcours. »

Cet article a été rédigé par notre journaliste Sarah Torné. Retrouvez-la sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/sarah-torne-content-manager/

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