.jpg)
.png)
Sommaire
Le monde de la comptabilité a longtemps été un bastion masculin, mais une nouvelle génération de femmes est en train de redéfinir les règles. Ces professionnelles passionnées, ambitieuses et résilientes, ne se contentent plus de suivre les chemins tout tracés. Elles innovent, elles entreprennent, elles dirigent – et montrent que la comptabilité peut être bien plus qu'une histoire de chiffres. Dans la série “Elles comptent”, nous mettons en lumière les parcours de ces femmes qui bousculent les conventions. Entre défis, succès et aspirations, elles nous partagent leurs expériences et leur vision d’une profession en pleine mutation.
Orianne Perrot n’est pas une experte-comptable comme les autres. Forte de plus de dix ans d'expérience et d'un parcours atypique, elle a su allier son appétence pour les sciences à une véritable approche humaine et entrepreneuriale.
Son DEC en poche, elle a pris le pari de l'indépendance pour accompagner les dirigeants avec une vision moderne de l'expertise comptable, axée sur le conseil et l'accompagnement stratégique.
Mais derrière cette réussite, se cachent des défis relevés avec détermination, des remises en question, et un road trip qui a façonné sa manière de voir le monde. Rencontre 🎙️
Des laboratoires à la compta : un virage inattendu
Parfois, une rencontre peut bouleverser tout un parcours ✨
Pour Orianne Perrot, cette rencontre s’est produite lors d’un forum des métiers alors qu’elle était encore lycéenne en Bac S.
Passionnée par les sciences et le domaine médical, elle se préparait à une carrière en laboratoire. Mais une conversation avec un expert-comptable change radicalement la donne.
« Le côté mathématique et l’accompagnement des dirigeants, c’est ce qui m’a tout de suite attirée. Je me suis dit “Waouh, ça a l’air génial” ». À cet instant, Orianne prend conscience que son avenir ne se dessinera pas dans les sciences mais dans les chiffres 📊
Ce type de réorientation est plus fréquent qu’on ne pourrait le penser.
Selon le Baromètre de la formation et de l'emploi 2024, la comptabilité figure parmi les formations les plus prisées par les actifs en reconversion.
Comme Orianne, beaucoup découvrent l’attrait du métier plus tard, après avoir envisagé des parcours très différents.
Le chemin n’a pourtant pas été facile ⛰️
Elle décide de redoubler et de s'orienter vers un Bac technologique en comptabilité, malgré l’opposition de ses professeurs. « Ils pensaient que le bac techno, c’était pour les élèves perdus. Mais moi, je savais ce que je voulais ».
Cette détermination la guide vers le prestigieux lycée Ozenne à Toulouse, où elle intègre un programme en DCG (Diplôme de Comptabilité et de Gestion), un parcours très compétitif et majoritairement composé de bacheliers généraux.
Après une première année prometteuse,Orianne fait face à un échec ⛔
Le lycée, avec son taux de réussite infaillible, l’oriente vers la sortie. « Je me suis retrouvée sans études et sans plan B. C'était un gros coup dur, j'ai dû me remettre en question. »
Refusant de se laisser abattre, elle décide d’intégrer une école privée en alternance. « J’ai dû reprendre au niveau du BTS compta et gestion », raconte-t-elle.
Ce retour aux bases lui permet de reprendre confiance et d’acquérir une solide expérience sur le terrain.
Elle enchaîne ensuite avec un DCG en alternance, puis un DSCG – tout cela dans le même cabinet comptable. « Ce fut un parcours long et compliqué où j’ai appris de mes erreurs », confie-t-elle.
{{newsletter-component}}
8 mois, 9 pays : un road trip et des leçons de vie
Après des années d’efforts et de longues études, Orianne décide de faire une pause bien méritée.
Avec son conjoint, elle part pour un road trip de 8 mois à travers l’Asie, une aventure qui va changer sa manière de voir le monde 🚐
.png)
« Je n’avais jamais quitté l’Europe avant ce voyage. C’était l’objectif que je m’étais fixé pendant mon alternance : économiser pour pouvoir partir découvrir le monde ».
Du Sri Lanka au Japon, en passant par l'Inde, le Cambodge et l'Indonésie, elle explore 9 pays, et se confronte à des cultures et des réalités totalement différentes.
Cette expérience, loin d’être une simple échappée, va profondément la marquer, tant sur le plan personnel que professionnel. « Le voyage m’a appris à gérer l’imprévu. Quand tu loupes un bus et que tu te retrouves au milieu de l’Inde sans endroit où dormir, tu apprends vite à t’adapter ».
Elle n’est pas la seule à reconnaître les bienfaits de ces expériences. 58 % des dirigeants d’entreprises considèrent qu’une culture de voyage solide est essentielle pour améliorer la performance de leur organisation.
Orianne revient donc de son périple avec une nouvelle ouverture d’esprit, un sens de l’écoute et une adaptabilité renforcés.
Autant de qualités qui vont ensuite lui permettre d'obtenir le DEC, et qu’elle cultive désormais dans son travail d’indépendante 💪
Le grand saut vers l’entrepreneuriat
L’indépendance a toujours été son rêve. « C’est la liberté qui m’avait attiré au départ. », confie-t-elle.
Mais il ne suffit pas de rêver pour franchir le pas.
C’est grâce à sa rencontre avec une camarade de classe qu’elle trouve la force et la motivation nécessaires. « Avec Aurore, on plaisantait souvent en se disant qu’on monterait un cabinet ensemble après nos diplômes. Puis, un jour, on s’est dit : pourquoi pas maintenant ? ».
C’est ainsi que VP CONSEIL voit le jour, un bureau freelance qui se distingue par une approche moderne et personnalisée de l'expertise comptable.
« Je voulais me détacher du côté traditionnel de l'expert-comptable qu’on imagine derrière ses papiers. Je préfère définir mon cabinet comme un bureau freelance. »
Son approche repose sur des outils digitaux collaboratifs qui permettent aux clients d’avoir un accès en temps réel à leurs données et de travailler main dans la main avec leur expert-comptable.
Pour Orianne, l’enjeu n’est plus simplement de traiter des chiffres, mais d’accompagner ses clients dans leurs projets futurs. « Ce qui m’intéresse, c’est le conseil et la projection financière. Je veux que mes clients sachent où ils vont, et pas seulement ce qu’ils ont fait. »
Elle se concentre sur la création d’indicateurs, la réalisation de prévisionnels, et l’accompagnement stratégique, avec une ambition claire : transformer les chiffres en leviers de réussite.
Plus qu’une simple experte-comptable, Orianne se voit comme une partenaire stratégique qui aide les dirigeants à réaliser leurs rêves. « J’accompagne des chefs d’entreprise qui ont des projets de vie. Que ce soit pour préparer une retraite anticipée ou ouvrir une deuxième entreprise, je suis là à chaque étape. »
Sa plus grande satisfaction est de voir ses clients réussir. « Quand un entrepreneur que j’ai accompagné ouvre un deuxième point de vente ou atteint ses objectifs, c’est là que je sais que mon travail a du sens. »
Avec cette approche moderne, Orianne redonne au métier toute sa dimension humaine.
{{guide-component}}
Trouver sa voix dans un secteur dominé par les hommes
Sur la place des femmes dans le métier, les chiffres sont révélateurs : en 2024, les femmes ne représentent que 28 % des experts-comptables en Île-de-France et au niveau national.
Bien que le nombre de femmes dans la profession augmente légèrement chaque année, la parité n'est pas attendue avant 2057.
.png)
Travailler dans un secteur encore largement masculin n'a pas été sans défis pour Orianne, surtout au début de sa carrière. « Il m’est souvent arrivé d’être la plus jeune et la seule femme dans la salle. Il y a des réunions où, après avoir parlé, les dirigeants se tournaient vers un homme pour valider ce que je venais de dire. »
Cette situation, fréquente au départ, l’a poussée à redoubler d'efforts pour prouver sa légitimité. « Ça m’a donné envie de me surpasser, de montrer que j’étais tout aussi compétente, voire plus. J'ai appris à avoir confiance en mes connaissances et à ne pas me laisser déstabiliser. »
Si le début a été marqué par ce besoin de s’affirmer face à des dirigeants masculins plus âgés, Orianne note avec satisfaction que les choses commencent à changer. « Dans ma promotion, nous étions presque à la parité hommes-femmes. Les premières à obtenir leur diplôme étaient d’ailleurs en majorité des femmes. »
Selon elle, la nouvelle génération est bien plus paritaire, et les cabinets commencent à évoluer. « Le tableau de l’Ordre se féminise. Les femmes prennent conscience que ce type de métier, vu comme masculin, est tout aussi fait pour nous. »
Quoi qu’il en soit, Orianne considère que l’expertise comptable reste une voie pleine d’opportunités, et elle encourage vivement les jeunes femmes à s’y engager sans crainte. « Foncez, il ne faut pas avoir peur, c’est un métier qui bouge et qui évolue » affirme-t-elle avec conviction.
Elle souligne enfin que, malgré le syndrome de l’imposteur qui touche souvent les jeunes professionnelles, il est tout à fait possible de se construire une légitimité et de s’épanouir dans ce secteur.
Son message est clair : l’expertise comptable est un domaine d’avenir, et les femmes y ont toute leur place 👩💻
Sa vision pour le futur de la profession
Pour Orianne, l’avenir de la profession comptable est clair : « Avec l’automatisation et l’océrisation, dans cinq ans, on n’aura plus besoin de faire de la saisie. »
Les outils digitaux, comme la facture électronique, vont profondément transformer les pratiques.
D’ailleurs, 27% des cabinets l’utilisent déjà, et près de la moitié (47 %) des cabinets se disent prêts à intégrer ces nouveaux outils dans leur quotidien.
Fini le temps des tâches répétitives et chronophages, place aux missions à plus forte valeur ajoutée, où l'accompagnement stratégique du client prendra le dessus 🎯
Elle observe que la nouvelle génération d’experts-comptables est prête à saisir ces opportunités, contrairement à leurs prédécesseurs, parfois moins réceptifs aux changements.
« Les cabinets traditionnels sont conscients des évolutions, mais ils sont souvent tellement submergés par le rush des déclarations fiscales et administratives qu’ils n’ont pas toujours le temps nécessaire pour implémenter les nouvelles méthodes. »
En effet, bien que 60 % des cabinets affirment avoir déjà mis en place leur digitalisation, les investissements varient largement : seuls 20 % y ont consacré plus de 50 000 € par an, et 45 % estiment leurs efforts financiers à moins de 20 000 €. « Ce n’est pas qu’une question d’outils, c’est aussi une réorganisation complète du travail, qui demande une refonte profonde de la stratégie et des process en place » ajoute Orianne.
Elle voit dans la digitalisation une chance de recentrer la profession sur le conseil et l’accompagnement des dirigeants. « Ce qu’on veut, c’est aller au-delà des chiffres, anticiper aux côtés de nos clients et construire avec eux l’avenir, plutôt que de simplement revenir sur ce qui a déjà été fait. »
Cet article a été rédigé par notre journaliste Sarah Torné. Retrouvez-la sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/sarah-torne-content-manager/
.png)
.png)
