Sommaire
Il existe 2 fondamentaux sans lesquels une entreprise ne peut pas “tourner” :
- des ventes : c’est le principe même d’une entreprise, adresser un produit à un marché pour répondre à un besoin ;
- de la trésorerie : sans cash, comment recruter, produire, livrer, marketer, investir, etc ? Bref, comment développer sa société ?
Sans grande surprise, un financier ne pourra pas aider ses clients sur le premier volet.
En revanche, son intervention prend tout son sens sur le pilotage de la trésorerie 💰
Bénédicte Ciotti, directrice de ekomind, une agence de DAF part-time et cabinet d'expertise-comptable, nous partage 6 points clés à vérifier d'urgence pour optimiser la trésorerie de vos clients, qu’importe leur secteur d’activité, leur taille ou encore leur stade de développement.
#1 Suivi & analyse comme base
La première étape pour optimiser sa trésorerie est déjà de bien comprendre ses flux financiers 📊
Cela passe par une analyse précise du passé afin d'identifier toute tendance récurrente et éventuelle saisonnalité.
La saisonnalité aura forcément un impact significatif sur les entrées et sorties de cash qu’il faudra anticiper au mieux.
Prenons des exemples parlants : un magasin de jouets verra ses ventes exploser en fin d'année, tandis qu'un parc d’attractions fera la majorité de son CA sur les mois d’été.
On pourra alors planifier au mieux sa trésorerie en conséquence, par exemple en versant les primes annuelles sur un mois propice (et non pas forcément en décembre ou janvier) ou encore en décalant certains investissements.
De plus, une analyse détaillée des postes de dépenses permet d’identifier des sources de coûts superflues.
L’exercice permet à la fois de planifier 🗓️ et d’optimiser ⚙️
C’est doublement gagnant pour vos clients.
Voici quelques actions concrètes à mettre en place chez vos clients :
- Utiliser des outils dédiés : vous pourrez ainsi gagner du temps en automatisant certaines tâches, notamment liées à l’analytique.
- Mettre en place un tableau de bord : celui-ci sera différent selon chaque client mais il contiendra à minima un suivi des encaissements & décaissements en distinguant bien les éléments liés à l’exploitation ou non.
- Assurer le suivi mensuellement : c’est un accompagnement récurrent qui permettra à vos clients de bénéficier d’analyses qui leurs seront utiles.
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#2 Un prévisionnel détaillé
Après avoir analysé le passé, il est essentiel de se projeter dans le futur 🔮
Un bon prévisionnel doit prendre en compte les trois flux financiers majeurs et les projeter sur les 6 à 12 prochains mois :
- Flux d'exploitation : ils concernent les activités courantes de l'entreprise, comme les ventes, les achats, les charges de personnel, etc.
- Flux d'investissement : ils incluent les dépenses liées à l'acquisition ou à la cession d'actifs immobilisés, comme l'achat de machines, de véhicules, ou la vente d'un bien immobilier.
- Flux de financement : ils englobent les opérations qui modifient la structure financière de l'entreprise, comme les emprunts, les augmentations de capital, le remboursement des dettes financières, etc.
Les bénéfices d'un prévisionnel détaillé sont concrets et immédiats :
- Ils permettent d’anticiper les besoins de trésorerie : en identifiant les périodes où la trésorerie pourrait être tendue, il est alors possible de prendre des mesures préventives.
- Ils facilitent la prise de décision : avoir une vision claire de l'avenir financier aide à planifier ses prochains recrutements ou investissements notamment.
- Ils renforcent la crédibilité auprès des partenaires financiers : que ce soit les banques, les investisseurs ou même les CAC, tous ces acteurs apprécient les entreprises qui ont un suivi et un prévisionnel de leur trésorerie.
#3 Des process carrés
Une bonne gestion de la trésorerie passe également par des process internes optimisés et rigoureux 📏
Cela concerne principalement la gestion de la facturation, des relances clients, des paiements fournisseurs et des stocks.
🧾Une facturation irréprochable :
- Émettre ses factures rapidement : plus tôt une facture est envoyée, plus rapidement celle-ci sera payée. La rigueur de ses envois en temps et en heure facilitera également le processus de relance.
- Assurer la conformité des factures : des erreurs peuvent retarder la prise en compte des factures et leur règlement (un numéro de commande manquant, l’envoi à une mauvaise adresse email ou encore le non-dépôt sur une plateforme dédiée, etc). Avec tout nouveau client, il convient de s’assurer de ces éléments en amont du premier envoi.
- Digitaliser le processus : les logiciels de facturation permettent aujourd’hui de gagner un temps précieux, d’autant plus pour les business models à abonnements où des factures récurrentes peuvent être préparées et envoyées automatiquement chaque mois.
📩 Des relances clients rythmées :
- Mettre en place un calendrier de relances : plus les relances sont cadencées, plus elles sont efficaces. Il convient donc de mettre en place un schéma de relances en plusieurs phases avec par exemple un premier email au lendemain de l’échéance, puis un deuxième email 15 jours plus tard avec une relance téléphonique en parallèle, etc, jusqu’à la facturation de pénalités et intérêts de retard et la mise en demeure.
- Automatiser les relances : afin de s’assurer d’un calendrier de relance, des outils permettent aujourd’hui d’envoyer automatiquement des relances. Attention, il convient dans ce cas d’avoir un suivi des impayés précis.
- Habituer ses clients : en étant constant dans ses relances, on met également en place de bonnes habitudes avec ses clients qui sauront qu’ils ne peuvent pas bénéficier de délai de règlement supplémentaire.
📅 Ne pas payer trop tôt ses fournisseurs :
- Respecter les délais de règlement indiqués : cela peut paraître évident mais de nombreux entrepreneurs règlent leurs factures fournisseurs à réception. Or cela ne sert à rien, à part dégrader sa trésorerie.
- Négocier des délais de paiement plus longs : il est important de scruter dans les contrats et CGV de ses fournisseurs les délais de règlement imposés et de ne pas oublier que tout se négocie (dans la limite de 60 jours ou 45 jours fin de mois).
- Profiter des escomptes de règlement : si vous avez de la trésorerie excédentaire, payer plus tôt ses fournisseurs permet dans certains cas de bénéficier d’escomptes. On travaille alors sur l’amélioration des marges dans ce cas.
- Équilibrer les flux : il convient de synchroniser au mieux les encaissements clients avec les décaissements fournisseurs.
📦Une gestion des stocks sous haute surveillance :
- Analyses indispensables : le Responsable des Achats joue un rôle clé dans la disponibilité des produits, l’optimisation de la trésorerie et le niveau de rentabilité. Il convient de travailler main dans la main avec la direction financière pour fournir les analyses les plus précises qui permettront de prendre les bonnes décisions.
- Optimiser le réapprovisionnement : un stock surdimensionné immobilise inutilement de la trésorerie. Avoir une idée précise du délai de rotation de ses stocks et ce par produit et chaque mois est indispensable.
- Se débarrasser des invendus : liquidation, promotions, ventes en lots, etc. Tout est bon pour transformer les stocks vieillissants en cash.
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#4 Des financements adaptés
Que ce soit pour financer de nouveaux investissements, soutenir son BFR ou recruter, il existe de nombreuses solutions de financement à étudier.
- Crédit-bail (leasing) : il permet de financer l'achat de matériel sans mobiliser la trésorerie immédiatement grâce au paiement de loyers.
- Affacturage : également connu sous les noms de “factor” ou “Dailly”, il permet de mobiliser son poste de créances clients pour recevoir plus rapidement le règlement de ses factures.
- Subventions : certaines aides publiques peuvent soutenir la trésorerie, notamment pour des projets d'innovation ou de développement.
- Emprunt bancaire : les prêts classiques restent une très bonne option, surtout dans un contexte de rentabilité.
- Revenue Based Financing (RBF) : idéal pour les entreprises avec des revenus récurrents, le RBF est un type d’emprunt dont le remboursement est sur une période courte (on parle en mois).
- Levée de fonds : faire entrer des investisseurs au capital pour financer la croissance de sa société compte parmi les solutions clés.
Conseils pour choisir le bon financement :
- Évaluer le coût global : Intérêts, frais de dossier, impact sur la répartition du capital, etc.
- Analyser les conditions : durée, garanties demandées, flexibilité.
- Consulter plusieurs établissements : toujours comparer les offres pour obtenir les meilleures conditions.
#5 Une trésorerie maximisée
Lorsqu’une société dispose d'une trésorerie excédentaire, il est judicieux de la faire fructifier plutôt que de la laisser dormir sur un compte courant non rémunéré. Cela permet d'obtenir un rendement supplémentaire qui vient améliorer à la fois la trésorerie et la rentabilité.
Le placement le plus courant est le dépôt à terme qui peut être réalisé auprès de sa banque.
Mais de nombreuses autres solutions existent auprès de professionnels dédiés.
Précautions à prendre :
- Évaluer le risque : Ne pas compromettre la garantie du capital et la liquidité nécessaire pour les opérations courantes.
- Consulter un conseiller financier : Pour adapter les placements à sa situation spécifique.
- Diversifier les placements : Ne pas mettre tous les œufs dans le même panier pour limiter les risques.
#6 Des dispositifs fiscaux pour optimiser
La fiscalité est un levier important pour améliorer la trésorerie de son entreprise 🏢
Des dispositifs tels que les statuts JEI, CIR et le régime de l'IP Box sont particulièrement intéressants pour les entreprises innovantes.
JEI
Le statut de Jeune Entreprise Innovante est destiné aux PME de moins de 8 ans qui réalisent des dépenses de recherche et développement (R&D) représentant au moins 15 % de leurs charges totales.
Les avantages du statut JEI incluent :
- L’exonération d'impôt sur les bénéfices : exonération totale la première année bénéficiaire, puis exonération de 50 % l'année suivante.
- L’exonération de certaines charges sociales patronales : sur les salaires du personnel affectés à la R&D.
- L’exonération de la contribution économique territoriale (CET) et de la taxe foncière pendant 7 ans (sur décision des collectivités locales).
Ces allègements fiscaux et sociaux permettent de réduire significativement les charges de l'entreprise, améliorant ainsi sa rentabilité et sa trésorerie.
CIR
Le Crédit d'Impôt Recherche est un dispositif fiscal qui permet aux entreprises de toute taille de bénéficier d'un crédit d'impôt sur les dépenses de R&D engagées au cours de l'année.
Le taux du CIR est de :
- 30 % des dépenses de R&D jusqu'à 100 millions d'euros, puis 5 % au-delà.
Les dépenses éligibles incluent les salaires du personnel de recherche, les amortissements des équipements, les frais de brevets, etc.
Le CIR vient en déduction de l'impôt sur les sociétés, et si le crédit d'impôt dépasse l'impôt dû, l'excédent est restitué à l'entreprise, améliorant directement sa trésorerie.
IP Box
Le régime de l'IP Box permet aux entreprises de bénéficier d'un taux réduit d'impôt sur les bénéfices sur les revenus tirés de la propriété intellectuelle, tels que les brevets, les logiciels protégés par le droit d'auteur, etc.
En France, le taux d'imposition applicable à ces revenus est de 10 % au lieu du taux normal de l'impôt sur les sociétés.
Comment bénéficier de ces statuts ?
- Se faire accompagner : la mise en place de ces dispositifs nécessite une bonne compréhension des critères d'éligibilité et des formalités à respecter. Faire appel à un conseil spécialisé est indispensable.
- Documenter les activités de R&D et d'innovation : il est essentiel de tenir une documentation précise des projets, des dépenses engagées et des résultats obtenus pour justifier les demandes de crédits d'impôt.
- Anticiper les démarches : certains dispositifs requièrent des déclarations préalables ou le dépôt de dossiers avant une certaine date.